domingo, 19 de fevereiro de 2012

[L'envers du nom était le mon]



L'envers du nom était le mon
la propiété de l'unique
l'enfermement narcissique.
L'issue de soil était le dé-mon
qui était un anagramme du monde
qui s'appelait légion
qu'avait imité et répété la re-légion.
Mais il refusait la croix de la croyance
capable tout au plus d'ecarteler l'homme
de le disséquer
sans jamais mettre à nu l'âme.
C'etait cela écrire:
relier par des fils les étoiles
et dessiner des constellations
que de la prose la plus nébuleuse surgisse Andromède
percée plus que délivrée.
Avant de dé-crire, dé-lire,
dé-couvrir sous le visage aimé
les étoiles originelles.
La lumière écrit en ombre:
la dentelure des palmes raye la tigre
la trouée des feuilles tache la panthère
la nature redessine indéfiniment
le regret de l'éden et son échec
la pluie s'efforce en vain de tout effacer
l'arc en ciel de tout recommencer.
Il  lisait dans la peau tigre
la marque des coups de fouet futurs
sur fond de bibliothèque incendiée
dans ses griffes rétractiles le servage félin
dans ses yeaux pointus la survie de l'instinct.
Il lisait dans la peau du tigre
le territoire hachuré de l'automne à Pékin
le principe de l'effrayante symétrie
l'absurdité de l'agneau
la cause première.
Il avait vu ses yeaux flamber dans des phares des voitures
son échine dans les jardins grillés
son saut dans le piéton renversé au passage clouté
sa queue dans la ronde des gardiens derrière les barreaux des prisons
son écriture dans l'alternance de la nuit et du jour
sa gueule ouverte dans le mythe de la caverne.
Armé de son stylo, il partit en chasse.


Saguenail
Foule (de Saguenail et Corbe)
2007, ed. Hélastre
foto de Hedi Slimane

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