terça-feira, 8 de maio de 2012

Ophélie (I)



Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles,,
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
_On entend dans le bois de lointains hallais.


Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir...


Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.


Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort
Quelque nid, d'où s'échappe un léger frisson d'aile...
_Un chant mystérieux tombe des astres d'or...
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Jean Arthur Rimbaud
[Le Dossier Izimbard], Poésies Complètes
ed. Pierre Brunel, Le Livre de Poche
pintura de John Everett Millais

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